Erf... Bien qu'on se soit plantés j'ai l'impression qu'il y a quand même des choses à tirer de ce premier tour. Avec un peu de chance on y verra plus clair demain matin.
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L'Homme est quand même bien étrange. Nous sommes tous là pour pleurer nos proches disparus, et malgré cet instant qui se devrait d'être le plus solennel qui soit, les tensions gonflent et les passagers s'accusent l'un l'autre de "meurtre". Je ne comprends pas. Certes, la collision avec l'Iceberg a malheureusement provoqué une vague de décès supplémentaire, mais depuis que nous avons été recueillis sur le chalutier il n'y a pas eu d'incident de ce genre. Cependant, j'ai pu remarquer que notre capitaine, si vivante la veille –elle a su nous unir autour d’elle pour affronter les épreuves qui nous attendent-, semblait aujourd’hui… ailleurs. Comme si elle avait perdu une partie de sa personnalité.
La journée a été pour le moins étrange. Cette histoire de prétendu meurtre m’intrigue, et malgré tout l’amour que je porte à ma Caroline, j’ai du détourner mes pensées d’elle pour me concentrer sur les discussions alentours. L’incident duquel était victime notre capitaine n’avait échappé à personne, et tout le monde est convaincu qu’il se trame quelque chose. L’un des passagers évoque en hésitant une vision d’une main bleue, presque démoniaque, au moment de la collision avec l’Iceberg. Je m’en souviens aussi, j’avais déjà considéré ça comme une hallucination. Mais c’est impossible, ça devait être une main humaine, c’est la seule explication. Je ne crois pas au surnaturel.
C’est triste à dire, mais personne ne semble se faire confiance. Nous devrions être soudés dans le deuil, mais nous voilà à chercher un, voire des coupables. Un autre passager semble être affecté du même fardeau que notre capitaine, et il s’agit étrangement de la même personne vers qui les soupçons avaient fini par se tourner en majorité… Bon sang, qu’est-ce qui se passe ici…
La nuit est d’une noirceur extrême. Je parviens difficilement à trouver le sommeil. De drôles d’images se bousculent dans ma tête alors que mon esprit s’égare. Des images de créatures bleuâtres, presque flamboyantes, qui rodent sur le bateau vers un même point. L’image d’une femme qui enlace un poisson, jusqu’à ce qu’ils ne forment plus qu’un. Puis le visage de ma douce Caroline, et cette chanson que j'avais l'habitude de lui chanter : « Sweet Caroline, Good times never seemed so good… ». Puis de la lumière, absorbée petit à petit par l’obscurité… Puis, le néant.